Le tantra (ou tantrisme) a souvent une mauvaise interprétation.

Le TANTRA N'EST PAS UNE VOIE SEXUELLE. Le tantra est d'abord une voie spirituelle, un des nombreux courants de l'hindouisme, religion multiforme très répandue en Inde. Il s'agit d'un vaste et riche système de pensées qui ne saurait en aucun cas être ramené à la seule dimension sexuelle. 

Il est vrai toutefois qu'un courant à l'intérieur du tantra considère la sexualité comme sacrée. A ce titre, le tantra est loin d'aborder l'énergie sexuelle comme plaisir égoiste, un moment de détente, de l'échangisme ou prostitution... Le respect de l'Energie de Vie demande une rééducation bien souvent des consciences et un réapprentissage à une hygiène et beauté à la VIE. C'est au tantra que l'on doit le concept à la base de la sexualité sacrée : l'être humain est d'essence divine, et cette essence est à la fois masculine et féminine (représentée par Shiva et Shakti, que l'on voit s'accoupler dans les temples hindous).

La circulation de l'énergie est un concept fondamental dans le tantra. Il y a, à l'intérieur du corps, un « canal » dans lequel l'énergie vitale de la base circule. En se diffusant ainsi constamment, elle procure de l'énergie revitalisant et régénérant tout le corps.

Le tantra est un ensemble de pratiques soutenant le développement de la conscience, la transformation intérieure capable de mener à « l'Éveil », cet état transcendant permanent.

Dans cette approche à l’écoute de soi, je vous propose de partager un espace pour voir sans vos yeux, toucher l’intangible, entendre le silence et gouter l’amour : Etre Vivant !!

En offrant chaque instant, chaque acte et toutes pratiques à celui à qui elles appartiennent, c'est à dire Shiva, c'est à dire nous même, et en voyant Shiva en toute chose, on se libère du doute qui créé le samsarâ et on lève le voile de mayâ, l'illusion. 

C'est une expérience avant un savoir. Ainsi, le tantra est davantage à vivre, à imprégner la connaissance dans le corps et non le savoir dans la tête.

 

 

 

Le tantra est une voie qui refuse d’éclipser le monde pour atteindre une illusion de pureté. Il préfère habiter le paradoxe: la lumière et l’ombre, le désir et la sérénité, le corps et l’esprit, le temps du souffle et l’éternité du cœur. Dans ce territoire, dualité et non-dualité ne se disputent pas le trône, elles se tiennent comme deux bras d’un même corps, deux faces d’une même réalité. La dualité est le décor où la vie se joue; la non-dualité est la musique qui révèle ce décor comme vivant, sans cesse renaissant.

On rencontre la dualité dans le jardin intérieur: le feu du désir qui réveille, la glace de l’indifférence qui endort; la peur et l’élan, la peine et la joie, le manque qui pousse vers la quête et le surplus qui demande à être reçu. Le tantra dit: ne repousse pas ce qui semble opposé. Apprends plutôt à écouter ce qui se déploie lorsque ces forces se rencontrent. Car c’est dans la tension entre opposés que l’on peut sentir l’élan de vie qui les fait bouger, qui les unit en une danse délicate. La connaissance ne naît pas de l’élimination des contrastes, mais de leur rencontre consciente.

Et pourtant, ce n’est pas le seul récit possible. Au-delà des jeux apparents, le tantra appelle à une reconnaissance plus subtile: la non-dualité. Ici, il ne s’agit pas d’ignorer ce qui est différent, mais de voir que ce qui est différent et ce qui est identique partagent une même source. Le miroir que l’on croit séparateur, la surface qui semble distincte, tout cela se révèle être une même eau qui prend les formes diverses du monde. En ce regard, le sujet et l’objet cessent d’être deux entités; ils apparaissent comme une pulsation unique qui se nomme conscience. Ce n’est pas une négation de la réalité des phénomènes, mais une profondeur où les phénomènes apparaissent alors comme translucides: lumière qui se voit elle-même, eau qui se réfléchit.

Dans la pratique tantrique, la dualité devient une invitation à la présence. Le corps n’est pas un véhicule à dépasser mais un temple à habiter; le souffle n’est pas un simple mécanisme mais une clé qui ouvre l’accès à la conscience. Les rituels—mantras qui résonnent comme des signes dans l’espace intérieur, yantras qui organisent la perception, pratiques de respiration et de mouvement—deviennent des lentilles qui révèlent ce qui était invisible: que l’énergie et la conscience ne s’opposent pas, mais s’unissent en une même flamme. Shakti et Śiva ne se battent pas; ils se rencontrent et s’embrassent dans chaque pensée, chaque action, chaque regard. La voie tantrique n’est pas une fuite hors du monde; elle est une manière de l’offrir tel qu’il est, sans résistance, afin que le réel se révèle tel qu’il est en son véritable coût et en sa véritable beauté.

L’expérience tantrique peut se vivre comme une acceptance active: être présent à ce qui se passe sans se laisser dévorer par le jugement, sans se figer dans le désir d’un bonheur parfait ou d’une souffrance évitée. Dans cette présence, la dualité devient un outil d’attention: elle met en évidence ce qui réclame notre cœur et ce qui peut être laissé tel quel. La non-dualité n’est pas une négation des formes; c’est la perception que les formes ne se séparent pas de leur source. Ainsi, la paix n’est pas l’absence de trouble, mais la clarté par laquelle le trouble se transforme en mouvement, en apprentissage, en compassion.

Le tantra propose une poétique du vivre-ensemble avec soi et avec le monde. Il enseigne que l’amour n’est pas une fin, mais la façon dont l’univers se reconnaît lui-même dans le souffle d’un être. Quand tu respires, tu es à la fois le chemin et la destination; quand tu regardes, tu es le regard et ce qu’il contemple; quand tu désires, tu es la flamme et l’étincelle qui la réveille. Cette union n’efface pas les distances; elle les transforme en ponts par lesquels la conscience peut traverser sans se perdre.

Si tu lis ces mots comme une invitation, accueille-les comme une porte qui s’ouvre sur une salle où tout est vivant: le simple et le sacré, le petit et le vaste, le corps et l’esprit, le moi et l’Univers. Le tantra n’impose pas une règle qui dessert la vie; il propose une manière d’être avec elle, une manière de danser avec le monde sans renier ni craindre aucune de ses faces.

Et peut-être, au fond, la leçon est simple: habitue-toi à la dualité sans la craindre; laisse-la t’enseigner, et découvre que ce qui paraît séparé peut être une même vibration. Dans cette vibration, la non-dualité n’est pas une idée abstraite mais une expérience: la conscience qui accueille tout ce qui est, sans se réduire, et qui, en même temps, sait qu’elle est la source qui rend tout cela possible.

Si ce texte t’accompagne un peu sur ce chemin, alors peut-être as-tu déjà commencé à vivre le tantra: une voie où le monde et le soi ne s’opposent pas, mais se révèlent, ensemble, dans la clarté d’un cœur qui respire.